top of page
  • Photo du rédacteurThe English Fairy

JE DEMISSIONNE?

Le moral, ça va et ça vient. Quand on est prof, cette période hivernale est souvent caractérisée par des remarques du type « C’est la période la plus difficile », « On manque de Vitamine D c’est pas évident pour tenir » , « On est tous hyper fatigués c’est normal ». Ouais, d’accord, je veux bien. C’est bien sûr plus difficile d’avoir le moral quand on part de chez soi dans le noir et qu’on rentre chez soi… dans le noir. La lumière du jour, on ne la voit qu’à travers la fenêtre de notre salle de cours. Je conçois.

En ce qui me concerne, cette morosité me suit depuis plus longtemps que cette dite « période hivernale ». Ma prise de poste en REP+ n’a pas été de tout repos, et depuis septembre, je lutte à chaque instant pour à la fois offrir le meilleur à mes trolls et à la fois pour ne pas me faire gobée par ces mêmes trolls. C’est mon quotidien, c’est mon métier, jusque-là tout va bien. En revanche, de plus en plus d’éléments semblent m’attirer hors de la fausse aux lions. Petite fée est fatiguée, et cherche des solutions pour exercer son métier dans les meilleures conditions possibles. Mais si c’était pas possible ? Si en fait petite fée s’était trompée de route ? S’il fallait abandonner le bateau avant qu’il ne coule ?


Je ne comprends pas toujours ce que l’on attend de moi

Déjà, si je savais ce que je devais faire, CONCRETEMENT, ça m’aiderait. Parce-que franchement les gars, vous y comprenez quelque chose vous aux programmes et aux demandes du ministère (des inspecteurs si on descend un peu sur l’échelle) ? Parlez QUE en anglais, assurez-vous que TOUS les élèves comprennent bien ce qui se passe (mais pas en français), faites du concret, faites du théorique, visez une classe homogène, faites de la différenciation… Moi perso, ça me fait bourdonner les ailes, qui ne savent plus dans quel sens tourner.

Si encore on nous donnait des modes d’emploi… Penses-tu ! Je discutais avec une collègue fée l’autre jour, et on se disait que finalement, on nous avait jamais vraiment expliqué ce que c’était que la « méthode actionnelle » (un exemple parmi tant d’autres). On a vu des tableaux de séquence avec tous les objectifs qui s’y rapportent, on nous a expliqué vaguement à quoi ils correspondaient. Mais le lien tout ça, moi je sais pas ce que c’est. Je fais ce qu’on m’a appris en formation : je place les élèves au cœur de leur apprentissage, je les guide, au lieu de leur donner du tout cuit (et pourtant les bonbons de poussière d’étoile sont vachement bons).

Est-ce que ça marche ? Bah ils ont pas l’air plus choqués que ça les petits trolls. Mais est-ce qu’ils comprennent d’avantage ce qui se passe ? Pas sûr. J’ai toujours les mêmes énergumènes totalement perdus pour qui concret ou pas ne fait aucune différence. Toujours les plus investis qui vont faire exactement ce qui est attendus d’eux d’un point de vue scolaire.

Finalement, je sais qu’on attend de nous de former des élèves à tel ou tel niveau à la sortie de tel ou tel cycle. Mais la réalité du terrain, c’est que c’est impossible dans au moins 60% des cas. Donc non, je comprends pas qu’on attende de moi de faire tout ça avec les données réelles que j’ai. Et de plus en plus, j’ai même plus envie d’essayer, car je suis presque tout autant découragée que mes élèves.


Je suis apeurée par les réformes du ministère

Si je tente de comprendre ce qui se passe au ministère, j’ai très vite la tête qui tourne et les ailes qui s’emballent. D’accord, ils veulent tenter des trucs pour nous aider. Quoique, on pourrait se poser la question…. Une réforme tous les 2 ans (ou 3 quand on a de la chance). Si encore il y avait un déroulement logique, mais là, moi je suis perdue. Le plus drôle c’est entendre dans les médias que « le gouvernement souhaite renforcer l’encadrement des élèves en mettant plus de moyens ». Les suppressions de postes du coup c’est aussi pour renforcer l’encadrement ? La suppression de classes c’est aussi pour renforcer l’encadrement ? Je ne vois pas la cohérence dans tout ça. On va me dire « bah y’a des contractuels pour les postes supprimés ». Ah d’accord, donc c’est purement économique alors. Ça coûte moins cher de mettre un contractuel que de payer un poste fixe. Logique avec le « renforcement de l’encadrement » ? Zéro. Je ne critique pas, j’essaye de comprendre.

La plupart du temps, il semblerait que les réformes sont réfléchies et mises en place par des personnes qui n’ont que de la théorie et aucune connaissance du terrain. C’est bien dommage. Certains projets sont bel et bien salutaires et ils sont les bienvenus. Mais dans la majorité de ces nouvelles demandes du ministère, il manque cruellement ce petit retour d’expérience pratique.

Une réforme ce n’est pas juste la publication d’un bulletin officiel et l’édition de nouveaux manuels. Ce sont des heures de travail supplémentaires pour adapter les contenus pédagogiques, pour créer de nouveaux cours, de nouveaux projets, et j’en passe. Le temps qu’on comprenne ce que l’on attend de nous et qu’on le mette en place, il se passe au moins deux ou trois années scolaires. C’est là où on commence à être à l’aise avec nos enseignements. Et BIM, une nouvelle réforme. Petite fée et de plus en plus perdue. Et de plus en plus, elle n’a même plus envie de chercher.


J’aime pas les profs

La plupart du temps, je suis dans ma salle. Déjà j’ai toujours des trucs à y faire, et puis en vrai, ça me permet de fuir un peu l’ambiance en salle des profs. J’ai bien du mal à comprendre le fonctionnement de ce groupe d’individus. J’en fais partie hein pourtant. Mais voilà, ça colle pas. Entre ceux qui par principe ne sont pas d’accord avec tout, ceux qui te rabaissent, ceux qui rabaissent les élèves, ceux qui sont irrespectueux avec l’administration, ceux qui sont blasés, ceux qui ne disent rien… Finalement, les passionnées sont rares et je ne me trouve de points communs avec peut-être un ou deux, quand j’ai de la chance. Sinon, je me cache, et je me tais. C’est peut-être pas la bonne stratégie j’en conviens. Mais qu’est-ce que je fais sinon ? Après avoir lutté pendant une heure avec ma classe difficile, je descends pour lutter avec les adultes ? Bah non, j’ai pas envie. J’ai tout essayé : entrer en salle des profs avec un énorme sourire en disant bonjour (je passe pour une nunuche), entrer en salle des profs en saluant seulement ceux qui ont envie que je les salue (je passe pour une connasse), entrer en salle des profs en ne disant rien (je passe pour une connasse).

C’est de l’humain vous allez me dire, on trouve ça partout. Sûrement, mais petite fée est fatiguée, et n’a plus envie de faire d’efforts.

Au délà des discordes, le fait d’entendre encore et toujours à quel point ça va mal, perso ça ne m’aide pas. Oui il faut en parler, mais quand c’est pour trouver des solutions. Dire « c’est n’importe quoi » juste pour dire « c’est n’importe quoi », je ne vois pas l’intérêt.


Je pourrais encore débattre sur toutes ces choses qui me fatiguent et me clouent les ailes au sol pendant plusieurs pages. Mais vous l’aurez compris, petite fée est fatiguée, et prend du temps pour réfléchir. Je continue ? J’arrête ? Mes valeurs et mes principes rendent mon évolution dans ce ministère très difficile. Que ce soit en REP+ ou ailleurs, je trouve que l’Éducation Nationale manque cruellement d’humanité, alors que c’est ce dont nous avons le plus besoin.

Poussière de fée et remise en question,

The English Fairy

Post: Blog2_Post
bottom of page