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  • Photo du rédacteurThe English Fairy

BILAN DE L'ANNEE 2018/2019

Bien que je ne fasse pas partie du #bloghop proposé par quelques collègues blogueuses en ce mois de juillet, je passe quand même pas la case « Bilan de fin d’année ». Année riche en émotions et en remises en question.


Retour sur les épisodes 1 et 2


1er trimestre

DONC, si je réticapitule, j’ai eu (très) peur. J’ai mis en place des stratégies, plus ou moins fondées. Pour l’instant je suis assez satisfaite de moi-même, qui l’eut cru !


2nd trimestre

Et bien mes amis, le bilan est bien moins rose aujourd’hui. Je peux dire qu’entre septembre et maintenant, j’ai essayé, transformé, adapté, changé, tournicoté… mais rien n’y a fait. Je n’arrive pas à donner un sens au cours d’anglais pour eux. Entendons-nous bien, on s’adore (pour la plupart). Mais concrètement, les cours c’est pas pour eux. Je fais plus du social que du cours d’anglais. Et là où j’arrivais à composer avec le manque d’investissement général, aujourd’hui, c’est extrêmement difficile, tant j’ai l’impression de ramer toute seule.


Où j’en suis aujourd’hui, en juillet 2019, après 10 mois de présence ? Bah… le bilan n’est pas que positif malheureusement.

D’un point de vue objectif, l’année a été rude à tous les points de vue.

Être parachutée en REP+ a été assez violent pour moi et je pense que c’est sûrement le cas pour une grande partie des collègues dans cette situation. On a tous conscience qu’il y a des populations défavorisées en France. On sous-estime juste clairement l’impact que ça a sur l’éducation. A force de « sectariser » l’éducation comme on le fait aujourd’hui, on pousse les enseignants à toujours revoir leurs exigences à la baisse pour convenir au niveau de ce public. On a donc des élèves qui ne sont pas stimulés au-delà de leur zone de confort (faudrait pas les bousculer dis donc !). La société n’aidant pas, on repousse toujours l’immigration aux limites des villes, dans des quartiers bien délimités. C’est une réalité. Pas un discours raciste (ça serait le comble pour moi ^^).

Comment on fait pour leur inculquer les bases ? On galère. On ne peut pas mettre en place les programmes tels quels. Il faut toujours adapter, et malheureusement, c’est toujours vers le bas. Donc les élèves avancent avec du retard dans TOUT.

Mes élèves n’en sont pas exemptés. Si au début de l’année le contact n’avait pas été si difficile que ça, j’ai vite compris que mes enseignements « classiques » ne fonctionneraient pas dans cette nouvelle configuration. En plus, j’enseigne une langue étrangère alors qu’ils sont déjà en difficulté avec leur LV1, le français. Pas pour tous, quand même pas, mais pour beaucoup. Pour moi donc, cette première année en REP+ aura été une véritable claque aller-retour. Quand je considère l’année dans son ensemble en tout cas.


D’un point de vue personnel, bah chargé aussi. J’en ai fait un article, je ne vais pas m’étaler. Ça va mieux, mais disons que ça a largement contribué à mon malaise général. J’ai appris beaucoup de choses, sur moi et sur les autres. Mais surtout sur l’être humain en général. C’est formateur, je ne regrette pas d’avoir fait les choses comme je l’ai fait.


DONC, après ces diverses épiphanies, il a bien fallu que j’adapte ma pratique. J’en ai parlé quelques fois sur le blog de manière superficielle, mais dans l’ensemble, je dirais que mes mots d’ordre ont été « ADAPTER » et « ESSAYER ».


Puisque les quelques outils que j’avais à disposition ne fonctionnaient pas, j’ai tenté de faire diversion. Je veux cependant préciser que j’ai surtout eu des difficultés avec les 5e, 4e, 3e. Les 6e étaient plutôt investis pour 70% de la classe et mon travail a surtout consisté à leur transmettre les bases scolaires.


Ce que j’ai essayé et qui n’a pas marché :


- Le rituel de début d’heure avec le Teacher Assistant + un jeu attribué à chaque jour de la semaine.

Mon but était de diversifier un peu le début du cours pour les surprendre et éviter qu’ils prolongent l’ambiance de la récréation ou de l’inter cours. On avait donc le classique Teacher Assistant qui faisait l’entrée en classe et l’appel. Un autre élève pour la date, un autre pour la météo et un autre pour le homework (oui ça paraît beaucoup, mais croyez-moi, plus j’ai d’élèves en activité moins ça part en cacahuète). Et enfin, un dernier élève pour le jeu du jour (ça va du téléphone arabe avec les Tongue Twisters au cadavre exquis, en passant par Two Truths and a Lie). ECHEC TOTAL. Je distribuais les rôles à l’entrée de la salle avec des petits badges. Ils ont la plupart du temps fait du trafic entre eux, à s’échanger les badges, ou carrément à les donner à quelqu’un d’autre. Et ce, toute l’année. J’ai pris sur moi, j’ai rien dit, mon but c’était avant tout d’avoir des élèves qui prennent en charge le début du cours, en autonomie. A la fin j’ai un peu moins pris sur moi ^^ j’ai fait moi-même.


- Les devoirs maisons.

Alors… quand je dis « devoir maison » je parle notamment des tâches intermédiaires ou finales qui nécessitaient un peu de travaux manuels. Dans l’idée, je voulais surtout avancer et ne pas perdre deux heures de cours pour qu’ils fassent mumuse avec les paillettes. Et bien, sur mes 3 niveaux problématiques, sur la première séquence de chaque, pour la tâche intermédiaire et la tâche finale, j’ai eu entre 3 et 5 élèves qui m’ont rendu le travail. Oui, seulement. Et là, j’entends déjà mon entourage et des connaissances me dire « bah ça va c’est déjà ça avec le milieu où tu enseignes ! ». Mais à quel moment c’est normal en fait d’avoir des élèves qui ne rendent pas le travail ?! Qu’ils soient à Henri IV ou en REP+ de banlieue parisienne, le prof donne un travail, ils rendent le travail. POINT ! Donc, j’ai vite arrêté, et j’ai perdu du temps sur la progression annuelle pour qu’ils fassent le travail en classe. Donc j’ai moins avancé, donc ils ont eu des lacunes, donc j’ai adapté, donc j’ai abaissé les exigences, donc j’ai moins avancé, donc ils ont eu des lacunes, donc j’ai adapté, donc j’ai abaissé les exigences…. Non non vous avez bien lu j’ai bien répété. Ma pratique est un éternel recommencement ^^


- Les fiches séquences

C’est une habitude que j’ai depuis que j’ai débuté. A chaque début de séquence, je distribue une fiche « descriptive » ou « récapitulative » aux élèves, où ils peuvent voir le scénario de la séquence, les objectifs divers (grammaticaux, lexicaux, méthodologies, phonétiques, etc). Ils peuvent aussi voir les modalités d’évaluations (interrogations diverses, tâche(s) intermédiaire(s), tâche(s) finale(s), etc). Jusque-là, les élèves étaient contents de passer un peu de temps sur cette fiche, pour savoir où ils allaient, et ça leur permettait de se préparer. Mais ça c’était avant. Avant d’avoir des classes où la continuité pédagogique n’existe pas. Une séquence, ils ne comprennent pas bien ce que c’est. J’ai essayé de changer ma terminologie. J’ai utilisé « séquence », « chapitre », « leçon », « unité ». Rien n’y fait. Ils envisagent les cours un par un, sans faire de lien entre eux. Du coup, dans 80% des cas, quand j’annonce une tâche finale j’ai droit à la question « sur quoi ?! ». #RIPmoi.


Ce que j’ai essayé et qui a marché :


- Le jeu

Je n’étais pas vraiment surprise, mais j’étais quand même un peu perplexe de voir à quel point ils pouvaient s’investir 100 fois plus à travers un jeu. Et le mieux ? Ils retiennent même des choses. Si si, c’est possible. Même moi j’y croyais pas trop. Et pourtant, ils se souviennent plus souvent des points de grammaire qu’on a abordé à travers un jeu que ceux qu’on a fait de manière plus classique. Il faudrait presque jouer tout le temps quoi… Là où le jeu est une pratique un peu exceptionnelle dans certains établissements, chez moi, ça devient un véritable outil pédagogique.


- L’usage du numérique

Dans mes premières années, j’ai tenté d’insérer du numérique par ci par là. Je m’étais fixé quelques usages par séquence, sans trop me forcer. J’utilisais souvent Learning Apps ou Kahoot. Cette année, j’en ai mis à toutes les sauces. Déjà parce-que j’ai la chance d’être dans un établissement équipé (une tablette par élève et par prof) et ensuite parce-que ça m’a permis de mettre encore plus de ludique dans mon cours. Le support parle forcément aux élèves (c’est un écran) et ils ont plus envie d’essayer de s’investir. C’est pas 100% de réussite, mais ça m’a permis de raccrocher quelques récalcitrants.


- Les séquences plus courtes

Je n’avais pas forcément des séquences très très longues (entre 4 et 6 séances plus les tâches intermédiaires et finales). Mais j’avais l’habitude de fonctionner avec deux tâches intermédiaires. Et finalement, ça m’a semblé très long. Et à eux aussi. J’ai raccourci, pour passer à une tâche intermédiaire. J’ai ajouté des évaluations d’autres activités langagières mais plus « petites ». Ca passe mieux. Je les garde un peu plus longtemps dans le truc. Même si le lien entre les cours n’est pas fait, c’est plus rythmé et ils s’ennuient un peu moins ^^


Maintenant qu’est-ce qu’on fait ?


Je sais pas trop. J’avoue. Est-ce que j’ai vraiment envie d’arrêter ce qui n’a pas marché ? Pas sûre. Je vais peut-être modifier un peu, adapter (encore oui…), transformer. Est-ce que je garde ce qui a marché ? OUI ! J’ai d’ailleurs demandé pas mal de formations autour de ses thématiques (en espérant qu’elles soient acceptées).

Dans un premier temps, je vais me reposer un peu. Si si, ça m’arrive. Enfin je dis ça, je vous écris actuellement depuis l’Angleterre où je bosse pour les séjours linguistiques (j’ai fait un article là-dessus). Mes « vraies » vacances ne commencent que mi-août, et je me suis fixée comme objectif de NE PAS TRAVAILLER pendant mes « vraies » vacances.

En attendant, je vais continuer à plancher sur mes progressions annuelles, sur le numérique, sur l’adaptation de mes supports et tout ce dont je pense avoir besoin pour une meilleure année que celle qui s’achève. Après tout…les vacances c’est fait pour ça non ? ^^

Poussière de fée et anticipation, The English Fairy

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