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  • Photo du rédacteurThe English Fairy

BILAN - Mon 2nd trimestre en REP+

Souvenez-vous…

« JUIN

- Alors alors?!!! Tu vas où ??

- Bah... en REP+, à 1h30 de chez moi.

- Oh la la, tu vas voir, la REP+!

Ah bon? C'est si terrible que ça la REP+? Mais non, il doit forcément y avoir un moyen de s'épanouir….

… Je suis motivée (pas comme eux) mais découragée (comme eux). Est-ce que ça veut dire que je dois revoir mes exigences à la baisse? Est-ce que je dois trouver des contenus différents?

J'ai pas envie de changer mes apports pédagogiques et d'abaisser mes objectifs sous prétexte que... je veux rester ambitieuse pour eux, et pour moi!

Ainsi, bilan mitigé pour ce premier trimestre en REP+. Des émotions très positives en début d'année, des élèves accueillants et disposés à apprendre (un peu). Et une fin de trimestre catastrophique, avec des élèves (et une prof) fatigués et découragés (beaucoup).

Ce n'était que la première bataille, la guerre n'est pas finie »


C’était le premier article de mon blog, au mois de janvier. Je dressais le bilan de mon 1er trimestre en REP+. Un bilan quelque peu mitigé. J’avais vite compris que les données n’étaient pas les mêmes, et je cherchais encore des solutions pour rendre mon quotidien plus facile, et les heures de cours plus « attrayantes » pour les élèves.

Aujourd’hui, le second trimestre est terminé depuis longtemps, mais je n’ai pas pris le temps de me poser et de réfléchir à la deuxième partie de mon année. Où j’en suis ? La situation est-elle différente ? Et bien, disons simplement que ma licorne ne semble pas aussi scintillante que fin août. Je m’explique…


Après les aventures du 1er trimestre, j’ai eu une épiphanie : « ok, les règles du jeu ne sont pas les mêmes ici ». En réalité, les élèves sont plutôt calmes (la plupart du temps) et bien loin des scénarios qu’on m’avait donné avant ma prise de poste. C’est donc plutôt positif. Je crois aussi que mon jeune âge est un atout que j’ai réussi à utiliser à bon escient. Malheureusement, il faut reconnaître que l’investissement scolaire, ce n’est pas leur fort. Je repense souvent à mes collègues des années précédentes d’ailleurs. Combien de fois j’ai entendu « de toute façon il/elle ne travaille pas ». Mais ça veut dire quoi en fait « il/elle ne travaille pas » ? Est-ce que parce qu’un ou une élève fait un exercice de maths sur trois c’est ne pas travailler ? Est-ce qu’un ou une élève qui n’apprend pas ses leçons c’est ne pas travailler ? Je ne sais pas ce que ça veut dire moi « ne pas travailler ». Est-ce que finalement ça ne serait pas un peu subjectif le travail ? On a chacun des attentes différentes selon les matières non ? Pour moi un élève qui n’ouvre pas son cahier à la maison mais qui m’a écouté toute l’heure, il travaille. Et ouais, au monde des licornes, c’est comme ça.


Parfois, j’ai besoin de plus que de l’écoute en classe, et je leur fais savoir, clairement, nettement, précisément. Je n’ai jamais été aussi précise dans mes attentes. Comprenez, au lieu de dire « Rendez-moi votre rédaction demain » je dis « Pour demain, le mercredi 15 mai 2019, à 11H35, sur une feuille A4 grands carreaux, au stylo bleu, en anglais, sur 5 lignes, faites une rédaction sur… ». Ils savent donc très bien ce qui est attendu d’eux.


Malheureusement, ce deuxième trimestre n’a pas été à la hauteur de mes espérances. C’est simple, je leur ferais des prouts de paillettes tout en brossant ma crinière multicolore que ça serait la même chose. Rappelez-vous, à la base, j’étais pas vraiment désespérée par leur manque de travail, mais plutôt de mon manque d’idées pour le raccrocher au wagon. Je voulais vraiment réussir à les intéresser. C’est ce qui motivait ma conception de cours chaque jour. J’ai mis en place des choses pour les guider au maximum dans le travail et dans leur progression (s’il y en a une, aussi infime soit-elle).

Et bien mes amis, le bilan est bien moins rose aujourd’hui. Je peux dire qu’entre septembre et maintenant, j’ai essayé, transformé, adapté, changé, tournicoté… mais rien n’y a fait. Je n’arrive pas à donner un sens au cours d’anglais pour eux. Entendons-nous bien, on s’adore (pour la plupart). Mais concrètement, les cours c’est pas pour eux. Je fais plus du social que du cours d’anglais. Et là où j’arrivais à composer avec le manque d’investissement général, aujourd’hui, c’est extrêmement difficile, tant j’ai l’impression de ramer toute seule.


Pour vous dire en 3e, je leur apprends encore à se présenter et à dire leur âge. Oui oui, vous avez bien lu… J’ai encore droit au « I have 14 years » dans 70% des cas. Si si, c’est possible. Parfois je me dis que je devrais les enregistrer, tellement ça semble incroyable dit comme ça. Et pourtant…

Le problème dans ce genre de schéma, c’est que malgré toute la bonne volonté du monde, à un moment donné, je perds un peu de mon glow de licorne. Bah oui, faut pas s’attendre à étinceler toute l’année avec des trolls en face ! Je deviens plus irritable, moins patiente. J’ai la sensation d’avoir tout donné, et j’ai plus envie. Et c’est LA que ça devient problématique. Les élèves ont besoin de constance et de régularité. Je prends donc conscience de la difficulté d’enseigner dans ce milieu : moins ils vont travailler, plus je dois les soutenir. Ouais, c’est injuste. Mais ça, on le savait non ? Non, en vérité, ce qui est difficile, c’est de ne pas lâcher, de toujours chercher des solutions et des moyens de les intéresser. Ouais, ça prend dix fois plus d’énergie de faire cours, mais la récompense est dix fois plus intense. Enfin il paraît, pour l’instant j’en ai pas vu la couleur.


Je suis encore dans la phase de négociation des étapes du deuil du coup. Bah quoi ? Il faut bien que je dise au revoir à toute une palette de possibilités d’enseignement. Il faut se rendre à l’évidence, il y a des choses qui sont possibles dans un établissement donné, mais impossible ailleurs. Donc, pour être honnête, j’ai pas encore totalement accepté les règles du jeu. Parfois je me dis encore « mais si, tu vas trouver, et ça va faire DING dans leur tête ». Mais de jour en jour, j’avance lentement mais sûrement vers la planète « Faire une leçon sur ‘Comment se présenter’ en 3e ». Sympa non ?! Je vous enverrais une carte postale…à la fin du 3e trimestre !


Poussière de fée et résignation,

The English Fairy

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