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  • Photo du rédacteurThe English Fairy

J'ai choisi l'EN pour une reconversion.

Peux tu te présenter en quelques mots?

J’ai 30 ans et j’enseigne depuis deux ans en collège, un an en lycée.



Quel est ton parcours professionnel?

J’ai travaillé pendant six ans dans le monde juridique, d’abord dans le secteur public puis ensuite dans le secteur privé. Pendant ces six ans, je gérais également des travaux dirigés chaque semaine, à la fac de droit et à la fac d’anglais.



Qu’est-ce qui a déclenché ta remise en question? A quel moment as-tu douté? (un événement en particulier? une accumulation?).

J’ai toujours suivi mes envies, et celle de découvrir le secteur privé était sincère. Cette expérience m’a plu à bien des égards : beaucoup de ressources à disposition, facilité de dialogue avec la hiérarchie (qui n’est d’ailleurs pas ressentie comme de la hiérarchie), le dynamisme et le pragmatisme ambiants … Et le salaire ! Attention, je ne parle que de la seule boîte que je connais. Bien entendu, toutes les expériences dans le privé ne se ressemblent pas.


Malgré les avantages non négligeables, je me questionnais de plus en plus sur mon utilité. Certes, je faisais gagner de l’argent à des entreprises clientes et à mon employeur, mais à part cela ? En quoi aidais-je réellement la société ? J’en suis venue à me sentir de plus en plus malheureuse dans mon poste et j’ai remarqué que les seuls moments qui me faisaient du bien étaient les sessions de formation que je pouvais animer en entreprise et les travaux dirigés à l’université. J’avais ma piste : j’aime transmettre, donner envie et susciter des vocations !


Pour quel parcours as-tu opté? (concours en candidat libre? master MEEF?)

Tout d’abord, j’ai dû faire un choix sur le métier. J’ai décidé de me tourner vers le secondaire, avec déjà une préférence pour le collège. J’avais trop vu tout ce qui n’allait pas dans la société en travaillant en tribunal. J’avais envie d’arriver plus tôt dans la chaîne de développement de l’individu, afin d’aider les adolescents à devenir des citoyens éclairés (#yeswecan).


Ce choix m’a donc également conduite vers l’anglais, puisqu’on n’enseigne pas le droit au collège … Enfin mis à part peut-être avec l’EMC ! Cela étant, l’aspect pluridisciplinaire de l’anglais me faisait rêver… On peut traiter de tout !

Avant de démissionner, j’ai posé jours de congés et RTT (vous savez, ces trucs bizarres du secteur privé), afin de passer des journées entières en collège et lycée, privé et public, REP et pas REP. Il fallait que je vois à quoi ressemble vraiment la journée d’un professeur, ainsi que les élèves. Des personnes fantastiques m’ont accueillie à bras ouverts et m’ont montré leur métier, sans enjoliver ni dramatiser les choses. Ca y est, j’étais convaincue et sur-motivée.

J’ai donc déposé le plus de candidatures possibles pour être acceptée dans un master 1 MEEF, et par chance j’ai été prise dans une université pas loin de chez moi ! J’avais besoin de retourner sur les bancs de la fac. Les cours de littérature, de civilisation et de linguistique étaient trop loin pour moi.


Ta formation était-elle adaptée à ton parcours?

Absolument ! J’étais déjà titulaire d’une licence d’anglais, ce qui était une des conditions pour intégrer le master.


Comment s’est déroulée ton entrée dans le métier? Des anecdotes? T’attendais-tu à “ça”?

Mon entrée dans le métier s’est plutôt bien déroulée. J’ai eu des maîtres de stage vraiment géniaux en M1. Ma tutrice en M2 était extraordinaire et a tout de suite su comment travailler avec moi. Jusqu’à présent, ma deuxième année dans le métier se déroule plutôt bien également.

Ce à quoi je ne m’attendais pas, et que je classerais dans les anecdotes, ce sont les conversations qu’on peut avoir quand on est prof…

Je suis passée de :

Dis-donc, tu as facturé ce dossier? Parce qu’on a eu un call avec le client et le commercial et bla bla bla… #booooriiiiing

à :

Tiens, un élève a chié dans les couloirs du deuxième étage!

A**** s’est coincé dans son pull!

Dites les collègues, est-ce que chez vous aussi A******* maraboute ses camarades ?




Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi? (la reprise d’études? le regard de tes proches?)

Le plus difficile a été d’annoncer ma reconversion à mes proches. Je quittais un CDI (aka le Graal), je renonçais à un salaire plus que conséquent (mon revenu est actuellement divisé par 3). De plus, ma reconversion était subordonnée à la réussite d’un concours et donc aléatoire.

Finalement, cela s’est très bien passé. Mon ami m’a tout de suite encouragée, mes parents m’ont dit qu’ils me voyaient malheureuse dans mon métier mais qu’ils n’avaient pas osé m’en parler. Certains de mes amis m’ont dit “Ah bah tu devrais faire prof alors si tu changes de boulot!” avant même que je ne leur précise mon choix …


Regrettes-tu ta décision de te reconvertir?

Absolument pas ! Pourtant c’est un métier difficile et plein de défis, et j’ai déjà connu des moments pas évidents malgré ma toute petite expérience (tu en sais quelque chose my dear English Fairy). Cela étant, même les soirs où je rentre en maudissant Enzo tout en récitant la Magna Carta à l’envers les yeux remplis par les flammes de l’enfer, eh bien je me sens mille fois plus heureuse que dans mon ancien métier. Franchement, même après une dure journée, j’ai toujours cette satisfaction de me dire que j’ai été UTILE (même si Enzo ne le sait pas encore ^^).


Quels conseils pourrais-tu donner à des enseignants qui traversent ce genre de questionnement?

Tricky question… Venant à peine d’entrer dans le métier, je ne me sens pas vraiment légitime pour conseiller des enseignants plus expérimentés et qui s’interrogent sur leur avenir dans le métier… En revanche, je peux parler en général.

Je crois que dans le fond il faut suivre ce que nos tripes nous disent, mais en ne confondant pas crise passagère et crise de vocation. AUCUN métier n’est parfait et AUCUN métier ne vous garantira ET des journées parfaites ET un revenu appréciable ET des collègues gentils ET une hiérarchie compréhensive…. C’est hyper important de se mettre ça en tête !

Finalement les questions sont : qu’est-ce qui vous fait vibrer ? Est-ce que, ne serait-ce que pour quelques moments dans la journée, vous ressentez de la joie ou de la satisfaction ? Est-ce que vous vous voyez renoncer à ce que vous avez ?

Si vraiment la crise se prolonge et que vous vous voyez vous éteindre de jour en jour alors je crois qu’il faut faire quelque chose, tout en restant pragmatique (la-le conjoint(s) / les enfants / le loyer de l’appartement / les traites / les impôts, etc.).

Si votre décision est prise, tournez-vous donc vers les professionnels qui peuvent vous conseiller et faciliter votre transition.

Vous pourrez alors vous déguiser avec une tête de poulet et dire au revoir à Enzo à tout jamais.


Pour les nostalgiques des pubs du Loto...


Poussière de fée et passion,

The English Fairy

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